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Le changement arrive
par G Diesel
"It's been too hard living but I'm afraid to die
Cause I don't know what's up there beyond the sky
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will"
« C'est trop dur de vivre mais la mort me fait peur Parc'que je sais pas ce qu'il y a là-haut, au-delà du ciel Ça fait long, longtemps que j'attends Mais je le sais, le changement arrive. Oh, oui c'est vrai »
-Sam Cooke, « A Change is Gonna Come » (Le changement arrive)
«
Le rêve américain ». D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours
entendu les gens abâtardir cette expression et la mettre à toutes les
foutues sauces. Ça fait si longtemps qu'on la galvaude, qu'on l'aveulit
cette formule, que tout ce qu'il en reste, c'est du vent. Une figure de
rhétorique… Un outil de marketing. Une petite phrase pour les
politiciens véreux et les patrons rapaces. Ne vous imaginez pas «
qu'ils » ne savent pas de quoi il en retourne. Ne vous faites pas
d'illusion. Le fait est que plus nous gardons la tête dans les nuages
et plus nous oublions nos véritables objectifs, plus il devient facile
de nous flouer, de nous manipuler.
Le truc, c'est que rêver
a toujours été important pour moi. Je ne trouve rien d'indigne à
reconnaître les grandeurs de ce monde ou à songer à un meilleur avenir
et à en puiser de l'inspiration… A me perdre dans des rêveries
euphoriques en imaginant ce qui pourrait être. Mon imagination est une
arme forgée de longue date… un néant glacial dans les tripes,
l'impulsion qui me propulse en avant. Je vagabonde de par le monde
depuis suffisamment longtemps pour savoir ce qui est à mon avantage et
ce qu'il faut faire pour passer outre aux limites imposées par la
société. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais
personnellement, jusqu'à maintenant, le monde ne m'a offert que peu
d'avantages. Je me bats encore pour avoir ma part du rêve… ma part du
gâteau.
Bon nombre d'entre nous sont nés sous un plafond de
verre, ou plutôt un plafond social, miroitant à la lumière du soleil,
juste au-dessus de nos têtes. Mes parents ont passé leurs vies à
essayer de forcer cette putain de barrière pour moi, mais je la vois
toujours planer dans le ciel. Pour moi, ça a toujours été le défi à
relever. Etre le gars avec le caillou à la main contemplant le long
canon d'un blindé M1 Abrams, et refuser de céder du terrain… Prendre
mon élan, baisser la tête et frapper cette enculée de barrière
transparente de toutes mes forces, la faisant éclater en mille
morceaux. Provoquer la fissure dans la digue qui mène au grand déluge.
Ouvrir grand les portes pour toutes les personnes comme moi… ces
pauvres, ces exténués qui en rangs pressés aspirent à vivre libres.
C'est à eux que je suis redevable. C'est leur Rêve américain que je
tiens à cœur.
Je l'admets. Je suis un idéaliste. Mais pour
moi, cette perspective a toujours été nécessaire. N'étant pas né parmi
les élites, je me suis toujours dit qu'il faudrait que je regarde la
réalité en face, que je m'accroche à des principes plus nobles et que
seuls ma vision de l'avenir et mes efforts me viendraient en aide pour
rendre la partie équitable. C'est pourquoi il y a des mots auxquels je
suis attaché. Des idées qui me sont tout particulièrement importantes
et qui me semblent détenir une signification spéciale pour cette
nouvelle époque qui est la nôtre. Si notre destin n'est pas de
bénéficier d'un privilège immérité, alors nous devons créer notre
propre fraternité d'exclus et de laissés-pour-compte. Nous devons faire
payer, de la seule manière qui compte réellement, ceux qui nous ont
ignorés et qui ont fait leur lit sur nos dos. Nous devons vivre et
vivre bien. Permettez-moi de faire la lumière sur les termes de notre
essor à venir, de mettre en relief le langage de notre ascension. Si
nous voulons reconquérir le Rêve américain pour nous-mêmes, nous devons
nous rallier à ces principes…
Force d'âme
Faites
front, nom de dieu ! Bon sang ! Je peux pas vous dire à quel point ça
me rend malade de voir quelqu'un chier dans ses froques dès que les
choses se compliquent. Le doute, ça fait partie de la vie. C'est le
compagnon de tout grand homme. Si vous comptez accomplir quoi que ce
soit d'intéressant ici-bas, faut que vous vous habituiez à ce que le
doute soit toujours là. Tous les soirs, je vais me coucher avec le
doute à mon chevet et chaque matin le doute m'attend au réveil. C'est
pas facile de vivre avec cette merde mais ça fait partie de toute vie
hors norme. Y a pas de promesses de quoi que ce soit, pas de garanties,
juste un futur imprévisible qui ne tient nul compte de vos désirs de
confort et de sécurité. Faut être capable de se rire du doute si
familier et de ne pas lâcher pied. De tenir ferme et de s'enraciner… En
fin de compte, faut faire le choix de vivre pour quelque chose ou de
mourir pour rien du tout. Alors faites preuve de cran, et vous verrez,
la roue de la chance interviendra en votre faveur. Même le panthéon des
dieux respecte la force d'âme d'un mortel.
Respect Pour
être un homme qui inspire le respect, il faut d'abord savoir faire
preuve de respect soi-même. Je n'ai aucun droit d'exiger que l'on
m'accorde ce dont je ne saurais témoigner moi-même. Respectez donc vos
aînés, vos pairs, la génération montante et la planète dont nous
dépendons tous. J'ai toujours aimé voir un boxeur qui a risqué le tout
pour le tout au combat, en sortir victorieux et, à la fin, s'incliner
devant l'adversaire qu'il vient de vaincre et rendre hommage à son
courage et à son talent. Il me semble depuis longtemps que ce genre
d'union de l'excellence et de l'humilité est le plus grand des signes
de respect. Les graines de respect que l'on sème de par le monde
apportent une récolte doublement abondante.
Connaissances La
vie de l'esprit, pour autant que l'on sache, est infinie. C'est
pourtant cette immensité intérieure, dont les limites potentielles font
pâlir tous les efforts de la NASA, que nous devons conquérir. La vraie
sagesse provient de la reconnaissance de l'étendue de notre ignorance.
La quête de connaissances et d'épanouissement est le travail de toute
une vie. Elle commence avec le babillement de nos premières syllabes,
avec nos premiers périples à quatre pattes dans la cuisine et prend
fin… ben franchement, il se peut qu'elle ne prenne jamais fin.
Peut-être subit-elle tout simplement une mutation au moment où nos
corps n'arrivent plus à suivre. Il se peut très bien que la force
céleste et fluide de notre intellect soit immortelle. En tant que tel,
il ne faut jamais la négliger, particulièrement si tôt dans la partie.
L'esprit doit être cultivé de la même manière qu'un grand horticulteur
prendrait soin du plus magnifique des jardins… Avec une attention
quotidienne, une nutrition équilibrée et de l'amour.
Histoire C'est
pas d'où vous venez qui compte, c'est où vous en êtes. Ouais, Rakim
nous a pondu c'tte maxime en 1990 mais toutes les grandes civilisations
s'accordent sur le sujet. Bien que le passé ne serve souvent que de
prologue au présent, il est impératif de se souvenir des leçons de la
vie et de tenir compte des instructions de ses aînés, car la réelle
sagesse découle de notre capacité à tirer les leçons de l'expérience et
des erreurs des autres. Alors instruisez-vous : étudiez l'histoire,
rendez hommage à ceux qui vous ont précédé, soyez conscient des
transgressions et des crimes passés, car moins vous en savez sur ces
atrocités et plus il est probable qu'elles seront répétées. Au bout du
compte, l'attention que vous prêtez au devoir de mémoire contribuera à
la manière dont la postérité se rappellera de vous.
Sacrifice Ma
mantra est une croix lourde à porter. Mais, pas vraiment pour moi. En
effet, il m'est facile de rationaliser mes propres décisions. De
renoncer à certaines choses en faveur de ce que je considère être une
plus grande cause. Merde, en réalité, ça, ça me vient naturellement.
Après tout, ça coule de source qu'on est bien forcé d'abandonner
quelques petits articles de luxe dans la poursuite d'un plus grand
objectif… Et déconnons pas là les gars. Je vous parle pas d'escalopes
de poulet sans peau ou de séances de cardio-training tôt le matin. Les
grands sacrifices, c'est ceux pour lesquels faut pas avoir froid aux
yeux. C'est les sacrifices qui vous touchent ainsi que d'autres
personnes… C'est ceux qui ont un impact profond sur vos proches, sur
votre cercle rapproché. Quelles sont les limites de votre engagement ?
De votre amour ? Quels sacrifices êtes-vous en droit de demander à ceux
qui vous sont chers, dans la poursuite de vos rêves ? Y a-t-il une
limite logique à ce que vous êtes prêt à sacrifier ou vos désirs
sont-ils sans fin ? Quelle est la borne à ne pas dépasser et, quand
vous serez prêt à répondre à cette question, sera-t-il déjà trop tard ?
Le
changement, ça fait mal. Ça se fait dans la douleur… Il faut plier,
sculpter et briser. Ça requiert destruction et habile exécution.
Rébellion et reconstruction. Ça nécessite la main adroite d'un
maître-artisan. La sagesse et le jugement inébranlable d'un commandant
de bord chevronné, prêt à rester à son poste jusqu'à la fin parce que
c'est ce que son rang exige. On ne peut pas divorcer la résistance et
les conflits du changement. Les révolutionnaires ne peuvent pas se
payer le luxe de la neutralité ou de l'objectivité. On ne peut pas
décrocher le Rêve américain sans prendre de risques ou en attendant
qu'il tombe du ciel. Il faudra le prendre d'assaut et si ce n'est pas
nous qui le faisons, c'en sera d'autres qui jugent en avoir le droit,
ceux qui en fin de compte en veulent plus. Mais nous ne pouvons pas
laisser ça arriver. Pas pendant que nous montons la garde… Pas avec
cette faim qui nous tenaille. Nous refusons d'être ignorés. On ne nous
foulera plus aux pieds. Ça fait vraiment long, longtemps qu'on attend…
Mais je le sais, le changement arrive.
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